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comptoit ſoixante mille âmes, & qui n’en a maintenant que vingt-quatre mille, eſt, & ſera toujours un lieu entièrement ouvert.

À ce malheur d’une ſituation précaire, ſe joignent des vexations de tous les genres. Peu content des préférences que lui aſſure une autorité ſans bornes, l’Anglois s’eſt porté à des excès crians. Il a inſulté les loges des François ; il leur a enlevé les ouvriers qui lui convenoient ; il a déchiré ſur le métier même, les toiles qui leur étoient deſtinées ; il a voulu que les manufactures ne travaillâſſent que pour lui, durant les trois mois les plus favorables ; il a ordonné que ſes cargaiſons ſeroient choiſies & complétées, avant qu’on pût rien détourner des ateliers. Le projet imaginé par les François & les Hollandois réunis, de faire un dénombrement exact des tiſſerands, & de ſe contenter enſemble de la moitié, tandis que l’Anglois jouiroit ſeul du reſte, a été regardé comme un outrage. Ce peuple dominateur a pouſſé ſes prétentions juſqu’à vouloir que ſes facteurs puſſent acheter dans Chandernagor même ; & il a fallu ſe ſoumettre à cette dure loi, pour ne ſe pas voir exclus des marchés de tout le Bengale.