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ment a paru cependant inſuffiſant à quelques actionnaires, qui ſont parvenus à découvrir que, depuis 1758, il s’eſt vendu annuellement dans le royaume, onze millions ſept cens mille livres de tabac à un écu la livre, quoiqu’il n’eut coûté d’achat que 27 livres le cent peſant.

La nation penſa bien différemment. Elle accuſa les adminiſtrateurs, qui déterminèrent le gouvernement à ſe reconnoître débiteur d’une ſomme ſi conſidérable, d’avoir immolé la fortune publique aux intérêts d’une ſociété particulière. Un écrivain qui examineroit de nos jours ſi ce reproche étoit ou n’étoit pas fondé, paſſeroit pour un homme oiſif. Cette diſcuſſion eſt devenue très-inutile, depuis que les vraies lumières ſe ſont répandues. Il ſuffira de remarquer que c’eſt avec les 90 000 000 liv. de rente mal-à-propos ſacrifiées par l’état, que la compagnie faiſoit face aux 8 756 065 livres, dont elle étoit chargée ; de manière qu’il lui reſſort encore environ 244 000 livres de revenu libre.

Il eſt vrai qu’elle devoit en dettes chirographaires 74 505 000 livres ; mais elle avoit dans ſon commerce, dans ſa caiſſe ou dans ſes