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Le commencement des hoſtilités entre la France & l’Angleterre, en 1744, rompit le charme. Le miniſtère, trop gêné dans les affaires pour faire des ſacrifices à la compagnie, l’abandonna à elle-même. On fut alors bien ſurpris, de voir tout prêt à s’écrouler, ce coloſſe, qui n’avoit point éprouvé de ſecouſſes, & dont tous les malheurs ſe réduiſoient à la perte de deux vaiſſeaux d’une valeur médiocre. C’en étoit fait de ſon ſort, ſi en 1747 le gouvernement ne ſe fut reconnu débiteur envers la compagnie de 180 000 000 livres, dont il s’obligeoit de lui payer à perpétuité l’intérêt au denier vingt. Cet engagement, qui devoit lui tenir lieu de la vente excluſive du tabac, eſt un point ſi important dans ſon hiſtoire, qu’on ne le trouveroit pas aſſez éclairci, ſi nous ne reprenions les choſes de plus haut.

L’uſage du tabac, introduit en Europe après la découverte de l’Amérique, ne fit pas en France des progrès rapides. La conſommation en étoit ſi bornée, que le premier bail, qui commença le premier décembre 1674, & qui finit le premier octobre 1680, ne rendit au gouvernement que 500 000 liv.