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donnoient à vil prix, parce qu’ils avoient reçu d’avance une gratification conſidérable ; ſouvent même ils retenoient tout le revenu de ces poſſeſſions, en ſuppoſant des violences & des ravages qui avoient rendu impoſſible le recouvrement. Toutes les entrepriſes, de quelque nature qu’elles fuſſent, s’accordoient clandeſtinement : elles étoient la proie des employés qui avoient ſu ſe rendre redoutables, ou de ceux qui jouiſſoient de plus de faveur & de fortune. L’abus ſolemnel aux Indes de faire & de recevoir des préſens à chaque traité, avoit multiplié les engagemens ſans néceſſité. Les navigateurs qui abordoient dans ces climats, éblouis des fortunes qu’ils voyoient quadrupler d’un voyage à l’autre, ne voulurent plus regarder les vaiſſeaux dont on leur confioit le commandement, que comme une voie de trafic & de richeſſe qui leur étoit ouverte. La corruption fut portée à ſon comble par les gens de qualité, avilis & ruinés, qui ſur ce qu’ils voyoient, ſur ce qu’ils entendoient dire, voulurent paſſer en Aſie, dans l’eſpérance d’y rétablir leurs affaires ou d’y continuer avec impunité leurs déréglemens. La con-