Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/489

Cette page n’a pas encore été corrigée

tenir à ce grand établiſſement. Seul il devoit donner aux François une exiſtence inébranlable, un état ferré & contigu, une quantité prodigieuſe de marchandiſes, des vivres pour l’approviſionnement de leurs places fortes, des revenus ſuffiſans pour entretenir un corps de troupes, qui les eût mis en état de braver la jalouſie de leurs voiſins, & la haine de leurs ennemis. Malheureuſement pour eux, la cour de Verſailles ordonna qu’on refuſât le Carnate, & les affaires reſtèrent ſur le pied où elles étoient avant cette propoſition.

La ſituation étoit délicate. Peut-être n’y avoit-il que Dupleix qui put s’y ſoutenir, ou à ſon défaut, l’officier célèbre qui étoit entré le plus avant dans ſa confidence, & qui avoit eu le plus de part à ſes combinaiſons. On en jugea autrement. Dupleix avoit été rappellé. Le général qu’on chargea de la guerre de l’Inde, crut devoir renverſer un édifice qu’il ne falloit qu’étayer dans des tems de trouble ; & il publia ſes idées avec un éclat qui ajoutoit beaucoup à l’imprudence de ſes réſolutions.

Cet homme, dont le caractère indomptable étoit preſque toujours en contradiction avec les circonſtances, n’avoit reçu de la nature