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lui avoient ſuſcité un rival nommé Mamet-Alikan. Le nom de ces deux princes ſervit de voile aux deux nations, pour ſe faire une guerre vive. Elles combattaient pour la gloire, pour la richeſſe, pour ſervir les paſſions de leurs chefs, Dupleix & Saunders. La victoire paſſa ſouvent de l’un à l’autre camp. Les ſuccès auroient été moins variés, ſi le gouverneur de Madras eut eu plus de troupes, ou le gouverneur de Pondichery de meilleurs officiers. Tout portoit à douter lequel de ces deux hommes, à qui la nature avoit donné le même caractère d’inflexibilité, finiroit par donner la loi ; mais on étoit bien aſſuré qu’aucun ne la recevroit, tout le tems qu’il lui reſteroit un ſoldat ou une roupie pour ſe ſoutenir. Cet épuiſement même, malgré leurs efforts exceſſifs, paroiſſoit fort éloigné, parce qu’ils trouvoient l’un & l’autre dans leur haine & dans leur génie, des reſſources que les plus habiles ne ſoupçonnoient pas. Il étoit manifeſte que les troubles ne ceſſeroient point dans le Carnate, à moins que la paix n’y arrivât d’Europe ; & l’on pouvoit craindre que le feu concentré depuis ſix ans dans l’Inde, ne ſe communiquât au loin. Les