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Histoire philosophique

les honneurs qu’on prodiguoit perſonnellement à Dupleix, comme le préſage des plus grandes proſpérités. On n’ignore pas que toute colonie étrangère eſt plus ou moins odieuſe aux indigènes ; qu’il eſt dans les principes d’une conduite judicieuſe, de chercher à diminuer cette averſion, & que le plus puiſſant moyen pour arriver à ce but, eſt d’adopter, autant qu’il eſt poſſible, les uſages du pays où l’on veut vivre. Cette maxime généralement vraie, l’eſt ſur-tout dans les contrées où l’on penſe peu, & par conséquent aux Indes.

Le penchant que le chef des François avoit pour le faſte Aſiatique, l’affermiſſoit encore plus dans ces principes. Auſſi fut-il comblé de joie, lorſqu’il ſe vit revêtu de la dignité de nabab. Ce titre le rendoit l’égal de ceux dont on avoit été réduit juſqu’alors à briguer la protection, & lui donnoit une grande facilité pour préparer les révolutions qu’il jugeroit convenables aux grands intérêts qui lui étoient confiés. Il eſpéra encore davantage du gouvernement qu’il obtint de toutes les poſſeſſions Mogoles, dans un eſpace preſqu’auſſi étendu que la France entière. Tous les