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Histoire philosophique

Cette comédie étoit néceſſaire pour en impoſer au peuple, qui reſpectoit encore aſſez la famille de Tamerlan, pour vouloir que toute eſpèce d’autorité parut au moins émaner d’elle.

Ainſi, la diſcorde, l’ambition, & l’anarchie déſoſoient cette belle contrée de l’Indoſtan. Les crimes étoient d’autant plus aiſés à cacher, que les grands de l’empire étoient accoutumés à n’écrire jamais qu’en termes équivoques, & n’employoient que des agens obſcurs qu’ils déſavouoient quand il le falloit. L’aſſaffinat & le poiſon devinrent des forfaits communs qu’on enſeveliſſoit dans l’ombre de ces palais impénétrables remplis de ſatellites prêts à tout oſer au moindre ſignal de leur maître.

Les troupes étrangères appellées par les différons partis, mirent le comble au déſaſtre de ce malheureux pays. Elles en emportoient les richeſſes, ou forçoient les peuples à les enfouir. Ainſi diſparurent peu-à-peu ces tréſors amaſſés pendant tant de ſiècles. Le découragement devint général. La terre ne fut plus cultivée, & les manufactures languirent. Les peuples ne vouloient plus travailler pour