Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/468

Cette page n’a pas encore été corrigée
454
Histoire philosophique

que les pères, pendant la vie de leurs fils, donnent toute leur tendreſſe à leurs petits-fils, parce qu’ils aiment en eux les ennemis de leurs ennemis.

Les Mogols n’avoient plus rien de ces mœurs fortes qu’ils avoient apportées de leurs montagnes. Ceux d’entre eux qui parvenoient à quelque place importante, ou à de grandes richeſſes, changeoient de domicile ſuivant les ſaiſons. Dans ces retraites plus ou moins délicieuſes, ils n’occupoient que des maiſons bâties d’argile & de terre, mais dont l’intérieur reſpiroit toute la molleſſe Aſiatique, tout le faſte des cours les plus corrompues. Par-tout où les hommes ne peuvent élever une fortune ſtable, ni la tranſmettre à leurs deſcendans, ils ſe hâtent de raſſembler toutes leurs jouiſſances dans le ſeul moment dont ils ſoient sûrs. Ils épuiſent au milieu des parfums & des femmes, & tous les plaiſirs & tout leur être.

L’empire Mogol étoit dans cet état de foibleſſe, lorſqu’il fut attaqué en 1738 par le fameux Nadercha, plus connu parmi nous ſous le nom de Thamas Koulikan. Les innombrables milices de l’Inde ſe diſperſèrent ſans réſiſtance devant cent mille Perſans, comme