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tion s’étoit formée de leur caractère ſacré. La magnificence extérieure qui en impoſe au peuple, plus que la juſtice, parce que les hommes ont une plus grande opinion de ce qui les accable que de ce qui les ſert ; la richeſſe faſtueuſe de la cour du prince, & la pompe qui l’environnoit dans ſes voyages, nourriſſoient dans l’eſprit des peuples ces préjugés de l’ignorance ſervile qui tremble devant les idoles qu’elle a faites. Ce qu’on raconte du luxe des plus brillantes cours de l’univers, n’approche pas de l’oſtentation du Mogol, lorſqu’il ſe montroit à ſes ſujets. Les éléphans, autrefois ſi terribles à la guerre, & qui n’y ſeroient plus que des maſſes incommodes depuis que l’on combat avec la foudre ; ces coloſſes de l’Orient, inconnus à nos climats, donnent aux deſpotes de l’Aſie un air de grandeur dont nous n’avons pas l’idée. Les peuples ſe proſternent devant le monarque élevé majeſtueuſement ſur un trône d’or, reſplendiſſant de pierreries, porté par le ſuperbe animal qui s’avance à pas lents, fier de préſenter au reſpect de tant d’eſclaves le maître d’un grand empire. C’eſt ainſi qu’en éblouiſſant les hommes ou en les effrayant,