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Histoire philosophique

bliquement entretenus par le prince, fomentoient ces diviſions & répandoient des alarmes continuelles. Ces eſpions étoient toujours choiſis parmi les perſonnes du rang le plus diſtingué. La corruption eſt au comble, quand le pouvoir anoblit ce qui eſt vil.

Chaque année, le Mogol recommençoit les courſes, plutôt en conquérant qu’en ſouverain, allant rendre la juſtice dans les provinces, comme on y va pour les piller, & maintenant ſon autorité par les voies & l’appareil de la force, qui font que le gouvernement deſpotique n’eſt qu’une continuation de la guerre. Cette manière de gouverner, quoique avec des formes légales, eſt bien dangereuſe pour un deſpote. Tant que les peuples n’éprouvent les injuſtices que par le canal des dépoſitaires de ſon autorité, ils ſe contentent de murmurer, en préſumant que le ſouverain les ignore, & ne les ſouffriroit pas : mais lorſqu’il vient les conſacrer par ſa préſence & par ſes propres déciſions, il perd la confiance. L’illuſion ceſſe. C’étoit un dieu ; c’eſt un imbécile ou un méchant.

Cependant les empereurs Mogols ont joui long-tems de l’idée ſuperſtitieuſe que la na-