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à moins qu’il ne s’agît de quelque objet important, & que la partie condamnée n’eût aſſez de fortune, pour aller acheter un jugement différent à la cour du nabab. Le gémidard étoit auſſi chargé de la police. Il avoit le pouvoir d’infliger des peines légères : mais lorſqu’il s’agiſſoit de quelque crime capital, le jugement en étoit réſervé au nabab, parce qu’à lui ſeul appartenoit le droit de prononcer la peine de mort.

Un tel gouvernement, qui n’étoit rien autre choſe qu’un deſpotiſme qui alloit en ſe ſubdiviſant, depuis le trône juſqu’au dernier officier, ne pouvoit avoir d’autre reſſſort qu’une force coactive toujours en action. Auſſi, dès que la ſaiſon des pluies étoit paſſée, le monarque quittait ſa capitale & ſe rendoit dans ſon camp. Les nababs, les rajas, les principaux officiers étaient appelés autour de lui ; & il parcouroit ainſi ſucceſſivement les provinces de l’empire, dans un appareil de guerre, qui, pourtant, n’excluoit pas les ruſes de la politique. Souvent on ſe ſervoit d’un grand, pour en opprimer un autre. Le raffinement le plus odieux du deſpotiſme, eſt de diviſer ſes eſclaves. Des délateurs, pu-