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Histoire philosophique

Les places d’Omrahs n’en étoient par moins briguées. C’étoit l’objet de l’ambition de quiconque aſpiroit à l’adminiſtration d’une province. Pour prévenir les projets d’élévation & d’indépendance que pouvoient former ces commandans, on mettoit auprès d’eux des ſurveillans qui ne leur étoient ſoumis en rien, & qui étoient chargés d’examiner l’emploi qu’ils faiſoient des forces militaires, qu’on étoit obligé de leur confier pour tenir dans le reſpect les Indiens aſſujettis. Les places fortes étoient ſouvent entre les mains d’officiers qui ne rendoient compte qu’à la cour. Cette cour ſoupçonneuſe mandoit ſouvent ſon délégué, le retenoit ou le déplaçoit, ſelon les vues d’une politique changeante. Ces viciſſitudes étoient devenues ſi communes, qu’un nouveau gouverneur, ſortant de Delhy, reſta ſur ſon éléphant, le viſage tourné vers la ville, pour voir, diſoit-il, arriver ſon ſucceſſeur.

Cependant, la forme de l’adminiſtration n’étoit pas la même dans tout l’empire. Les Mogols avoient laiſſé pluſieurs princes Indiens en poſſeſſion de leurs ſouverainetés, & même avec pouvoir de les tranſmettre à leurs deſcendans. Ils gouvernoient ſelon les loix