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Histoire philosophique

tion, qu’on ne s’en déſabuſa pas, même dans les ſiècles les plus éclairés de la république.

En réduiſant les choſes à la vérité, l’on trouvera qu’un air pur, des alimens ſains, une grande frugalité, avoient de bonne-heure prodigieuſement multiplié les hommes dans l’Indoſtan. Ils connurent les loix, la police, les arts, lorſque le reſte de la terre étoit déſerte ou ſauvage. Des inſtitutions ſages & heureuſes préſervèrent de la corruption ces peuples, qui paroiſſoient n’avoir qu’à jouir des bienfaits du ſol & du climat. Si, de tems en tems, les bonnes mœurs s’altéroient dans quelques cours, les trônes étoient auſſi-tôt renverſés ; & lorſqu’Alexandre ſe montra dans ces régions, il y reſtoit fort peu de rois ; il y avoit beaucoup de villes libres.

Un pays, partagé en une infinité de petits états, populaires ou aſſervis, ne pouvoit pas oppoſer un front bien redoutable au héros de la Macédoine. Auſſi ſes progrès furent-ils rapides. Il auroit tout aſſervi, ſi la mort ne l’eût ſurpris au milieu de ſes triomphes.

En ſuivant le conquérant dans ſes expédition, l’Indien Sandrocotus avoit appris la guerre. Cet homme, auquel ſes talens te-