Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/445

Cette page n’a pas encore été corrigée

& maître des mers de l’Inde, il y auroit ruiné tous les établiſſemens Anglois.

Le miniſtère approuva ce plan. On accorda à la Bourdonais cinq vaiſſeaux de guerre, & il mit à la voile.

À peine étoit-il parti, que les directeurs également bleſſés du myſtère qu’on leur avoit fait de la deſtination de l’efcadre, de la dépenſe où elle les engageoit, des avantages qu’elle devoit procurer à un homme qu’ils ne trouvoient pas aſſez dépendant, renouvelèrent les cris qu’ils avoient déjà pouſſés ſur l’inutilité de cet armement. Ils étoient ou paroiſſoient ſi perſuadés de la neutralité qui s’obſerveroit dans l’Inde entre les deux compagnies, qu’ils en convainquirent le miniſtère, dont la foibleſſe n’étoit plus encouragée, ni l’inexpérience éclairée depuis l’éloignement de la Bourdonais.

La cour de Verſailles ne vit pas qu’une puiſſance qui a pour baſe principale le commerce, ne pouvoit pas renoncer sérieuſement à combattre ſur l’Océan Indien ; & que ſi elle faiſoit ou écoutoit des propoſitions de neutralité, ce ne pouvoit être que dans la vue de gagner du tems. Elle ne vit pas que quand