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Demande-toi pendant le jour, pendant la nuit, au milieu du tumulte de la cour, dans le ſilence de ton cabinet, lorſque tu méditeras, & quel eſt l’inſtant où tu ne duſſes pas méditer ſur le bonheur de vingt-deux millions d’hommes que tu chéris, qui t’aiment & qui preſſent par leurs vœux le moment de t’adorer : demande-toi ſi ton intention eſt de perpétuer les profuſions inſenſées de ton palais.

De garder cette multitude d’officiers grands & ſubalternes qui te dévorent.

D’éterniſer le diſpendieux entretien de tant de châteaux inutiles & les énormes ſalaires de ceux qui les gouvernent.

De doubler, tripler les dépenſes de la maiſon par des voyages non moins coûteux qu’inutiles.

De diſſiper en fêtes ſcandaleuſes la ſubſiſtance de ton peuple.

De permettre qu’on élève ſous tes yeux des tables d’un jeu ruineux, ſource d’aviliſſement & de corruption.

D’épuiſer ton tréſor pour fournir au faſte des tiens & leur continuer un état dont la magnificence ſoit l’émule de la tienne.