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mais je veux le bien. La fermeté triomphe de tous les obſtacles. Qu’on me préſente un tableau fidèle de ma ſituation : quel qu’il ſoit, je n’en ferai point effrayé. Tu as ordonné ; je vais obéir. Ah ! ſi, tandis que je parlerai, deux larmes s’échappent de tes yeux, nous ſommes ſauvés.

Lorſqu’un événement inattendu fit paſſer le ſceptre dans tes mains inexpérimentées, la marine françoiſe, un moment, un ſeul moment redoutable, avoit ceſſé d’exiſter. La foibleſſe, le déſordre & la corruption l’avoient replongée dans le néant, d’où elle étoit ſortie à l’époque la plus brillante de la monarchie. Elle n’avoit pu, ni défendre nos poſſeſſions éloignées, ni préſerver nos côtes de l’invaſion & du pillage. Sur toutes les plages du globe, nos navigateurs, nos commerçans étoient exposés à des avanies ruineuſes, & à des humiliations cent fois plus intolérables.

Les forces & les tréſors de la nation avoient été prodigués pour des intérêts étrangers & peut-être oppoſés aux nôtres. Mais, qu’eſt-ce que l’or, qu’eſt-ce que le ſang en comparaiſon de l’honneur ! Nos armes, autrefois ſi