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Histoire philosophique

Tu règnes ſur le plus bel empire de l’univers. Malgré la décadence où il eſt tombé, il n’y a aucun endroit de la terre où les arts & les ſciences ſe ſoutiennent avec autant de ſplendeur. Les nations voiſines ont beſoin de toi, & tu peux te paſſer d’elles. Si tes provinces jouiſſoient de la fécondité dont elles ſont ſufceptibles ; ſi tes troupes, ſans être beaucoup plus nombreuſes, étoient auſſi bien diſciplinées qu’elles peuvent l’être ; ſi tes revenus, ſans s’accroître, étoient mieux adminiſtrés ; ſi l’eſprit d’économie dirigeoit les dépenſes de tes miniſtres & celles de ton palais ; ſi tes dettes étoient acquittées : quelle puiſſance ſeroit auſſi formidable que la tienne ?

Dis-moi, quel eſt le monarque qui commande à des ſujets auſſi patiens, auſſi fidèles, auſſi affectionnés ? Eſt-il une nation plus franche, plus active, plus induſtrieuſe ? L’Europe entière n’y a-t-elle pas pris cet eſprit ſocial qui diſtingue ſi heureuſement notre âge des ſiècles qui l’ont précédé ? Les hommes d’état de tous les pays n’ont-ils pas jugé ton empire inépuiſable ? Toi-même, tu connoîtras toute l’étendue de ſes reſſources, ſi tu te dis ſans délai : Je ſuis jeune,