Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/408

Cette page n’a pas encore été corrigée
394
Histoire philosophique

pas le cruel ſpectacle d’une nation aimable, aigrie par les vexations de tous les genres qu’elle avoit éprouvées pendant quarante ans ; qui ſuccomboit ſous l’énorme fardeau de ſa misère actuelle ; qui étoit déſeſpérée de prévoir que l’avenir, cette grande reſſource des infortunés, ne porteroit aucun ſoulagement à ſes maux & les aggraveroit peut-être. Les créanciers de l’état, qui ne faiſoient pas la millième partie des citoyens, qui n’étoient connus la plupart que par leurs rapines, dont les plus honnêtes devoient une partie de leur aiſance au fiſc, intéreſſoient moins ces adminiſtrateurs. Dans la fâcheuſe néceſſité d’immoler une partie de la nation à l’autre, c’étoit les prêteurs qu’ils opinoient à ſacrifier.

Le régent, après quelques irréſolutions, ſe refuſa à une violence qu’il jugeoit devoir imprimer une tache ineffaçable ſur ſon adminiſtration. Il préféra un examen sévère des engagemens publics à une banqueroute flétriſſante dont il croyoit pouvoir éviter l’éclat.

Un bureau de réviſion, établi le 7 décembre 1715, réduiſit ſix cens millions d’effets au porteur à deux cens cinquante millions de billets d’état ; & cependant après cette