Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/405

Cette page n’a pas encore été corrigée

les ordres de l’état, accablés ſous le poids des taxes, manquoient du néceſſaire. Les effets royaux étoient dans l’aviliſſement. Les contrats ſur l’Hôtel-de-Ville ne ſe vendoient que la moitié de leur valeur, & les papiers moins privilégiés perdoient infiniment davantage. Louis XIV ſur la fin de ſes jours, eut un beſoin preſſant de huit millions. Il fut obligé de les acheter par trente-deux millions de reſcriptions. C’étoit emprunter à quatre cens pour cent.

Une uſure ſi criante ne révoltoit pas. L’état avoit, il eſt vrai, 115 389 074 livres de revenu : mais les charges en emportoient 82 859 504 livres ; & il ne reſſort pour les dépenſes du gouvernement que 32 529 570 livres à 30 livres 10 ſols 6 deniers le marc. Encore tous ces fonds étoient-ils conſommés d’avance pour plus de trois années.

Tel étoit le déſordre des affaires, lorſque le premier ſeptembre 1715, le duc d’Orléans prit les rênes du gouvernement. Les vrais amis de ce grand prince déſiroient qu’il aſſemblât les états généraux. C’étoit un moyen infaillible de conſerver, d’augmenter même la faveur publique, alors ouvertement dé-