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Histoire philosophique

à augmenter un impôt qui leur devenoit de jour en jour plus avantageux. Ils allèrent bientôt plus loin, & ils ſe permirent la plus grande des infidélités, celle d’altérer les monnoies, au gré de leur caprice ou ſelon leurs beſoins. C’étoient des refontes continuelles, c’étoient des alliages toujours impurs.

Ce fut avec ces odieux ſecours ; avec le revenu d’un territoire exceſſivement borné ; avec quelques fiefs, qui devenoient vacans ou qu’on confiſquoit ; avec des offrandes volontaires, & que pour cette raiſon on appelloit dons de bénévolence ; avec quelques droits qu’on exerçoit ſur les barons, mais qui étoient plutôt des marques de ſupériorité que de vrais impôts : ce fut avec ces moyens que la couronne ſe ſoutint, qu’elle s’agrandit même tout le tems qu’elle n’eut pour ennemis que des vaſſaux plus foibles qu’elle. Alors les guerres ne duraient que des ſemaines ; les armées n’étoient pas nombreuſes ; le ſervice ſe faiſoit gratuitement ; les dépenſes de la cour étoient ſi bornées que juſqu’au funeſte règne de Charles VI, elles ne paſſèrent jamais 94 000 livres.

Mais auſſi-tôt que l’épidémie des croifades