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hors les murs des villes, des ſynagogues où il ne leur étoit permis de prier qu’à voix baſſe, un ſigne ſur leurs habits qui ne permettait pas de les méconnoitre.

Si de tems en tems on vouloit les forcer de ſe faire chrétiens, plus ſouvent encore il leur était défendu de l’être. Un Juif, qui changeoit de religion, tomboit en forfaiture. Ses biens étoient confiſqués. On le dépouilloit de tout, parce qu’on perdoit pour l’avenir le droit de l’accabler de taxes.

Ordinairement, on livroit la nation aux uſures de ces hommes pervers : mais dans quelques occaſions, toute liaiſon avec eux étoit interdite. La loi défendoit de prendre des Juifs pour domeſtiques, de tenir d’eux aucune ferme, d’accorder ſa confiance à leurs médecins, de nourrir ou même d’élever leurs enfans.

On les accuſa ſouvent d’avoir empoiſonné les puits, d’avoir égorgé des enfans, d’avoir crucifié un homme le jour remarquable du ſaint vendredi. L’or, l’or ſeul pouvoit les juſtifier de tant d’atrocités, également deſtituées de vérité & de vraiſemblance.

La tyrannie leur donna ſouvent des fers.