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doutables par leur nombre, par leur valeur & par leurs victoires. Il parut à ce fameux dépoſitaire de l’autorité royale qu’une guerre contre les infidèles devoit être ſoutenue par des biens ſacrés ; & ſans aucun de ces ménagemens auxquels il a fallu recourir depuis, qui même ont été ſouvent employés ſans ſuccès, il s’empara des richeſſes eccléſiaſtiques qui étoient immenſes. Si le clergé ſe flatta que la paix le rétabliroit dans ſes poſſeſſions, les événemens trahirent ſes eſpérances. Les monarques reſtèrent les maîtres des plus riches évêchés, les grands des meilleures abbayes, & les ſimples gentils’hommes des bénéfices moins conſidérables.

Ce furent des fiefs qui obligeoient leurs poſſeſſeurs, ou ſi l’on veut leurs uſurpateurs, à un ſervice militaire proportionné à leur importance. On ne les tint d’abord qu’à vie : mais ils devinrent héréditaires dans la décadence de la famille de Charlemagne. Alors, ils entrèrent dans la circulation, comme toutes les autres propriétés. On les donna, on les vendit, on les partagea. Une cure ſervoit ſouvent de dot à une jeune perſonne qui en affermoit la dîme & le caſuel.