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édits les plus ſolemnels : mais les traitans trouvèrent des expédiens pour rendre inutiles des privilèges qu’on ne vouloit pas abolir ; & ſans en être dépouillée, la compagnie ceſſa d’en jouir.

On ſurchargea ſucceſſivement de droits tout ce qui venoit des Indes. Il ſe paſſoit rarement ſix mois, ſans qu’on vît paroître des réglemens qui autoriſoient, qui proſcrivoient l’uſage de ces marchandiſes. C’étoit un flux, un reflux continuels de contradictions dans une partie d’adminiſtration qui auroit exigé des principes réfléchis & invariables. Toutes ces variations firent penſer à l’Europe, que le commerce s’établiroit, ſe fixeroit difficilement dans un empire où tout dépend des caprices d’un miniſtre, & des intérêts de ceux qui gouvernent.

La conduite d’une adminiſtration ignorante & corrompue ; la légèreté, l’impatience des actionnaires ; la jalouſie intéreſſée de la finance ; l’eſprit oppreſſeur du fiſc ; d’autres cauſes encore avoient préparé la chute de la compagnie. Les malheurs de la guerre pour la ſucceſſion d’Eſpagne, précipitèrent ſa ruine.

Toutes les reſſources étoient épuisées.