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onéreux, parce que le paiement étoit toujours moins aſſuré.

Comme la compagnie manquoit d’argent & de crédit, le vuide de ſa caiſſe la mettoit dans l’impoſſibilité de donner dans l’Inde des avances au marchand, qui, ſans cet encouragement, ne travaille pas & ne fait pas travailler. Cette impuiſſance réduiſoit à rien les ventes françoiſes. Il eſt prouvé que depuis 1664 juſqu’en 1684, c’eſt-à-dire dans l’eſpace de vingt ans, elles ne s’élevèrent pas en totalité au-deſſus de 9 100 000 livres.

À ces fautes s’étoient joints d’autres abus. La conduite des adminiſtrateurs, des agens de la compagnie, n’avoit été ni bien dirigée ni bien ſurveillée. On avoit pris ſur les capitaux, des dividendes qui ne devoient ſortir que des bénéfices. Le plus brillant & le moins heureux des règnes avoit ſervi de modèle à une ſociété de négocians. On avoit abandonné à un corps particulier le commerce de la Chine, le plus facile, le plus sûr, le plus avantageux de tous ceux qu’on peut faire dans l’Aſie.

La ſanglante guerre de 1689, ajouta aux calamités de la compagnie par les ſuccès même