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Histoire philosophique

cois ; & il eſt vraiſemblable qu’ils auroient cherché à s’y fixer, s’ils avoient eu la ſagacité de prévoir ce que cet état naiſſant devoit devenir un jour. L’Europe doit à un voyageur philoſophe le peu qu’elle fait avec certitude de ce beau pays. Voici à quoi ces connoiſſances ſe réduiſent.

Lorſque les François arrivèrent dans ces contrées éloignées, il n’y avoit pas plus d’un demi-ſiècle, qu’un prince du Tonquin fuyant devant ſon ſouverain qui le pourſuivoit comme un rebelle, avoit franchi, avec ſes ſoldats & ſes partiſans, le fleuve qui ſert de barrière entre le Tonquin & la Cochinchine. Les fugitifs aguerris & policés, chaſſèrent bientôt des habitans épars, qui erroient ſans ſociété policée, ſans forme de gouvernement civil, & ſans autres loix que celles de l’intérêt mutuel & ſenſible qu’ils avoient à ne point ſe nuire réciproquement. Ils y fondèrent un empire ſur la culture & la propriété. Le riz étoit la nourriture la plus facile & la plus abondante : il eut les premiers ſoins des nouveaux colons. La mer & les rivières attirèrent des habitans ſur leurs bords, par une profuſion d’excellent poiſſon. On éleva des