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Histoire philosophique

leur arrivée, le trouvèrent parvenu à ce point de dégradation. Il étoit en général pauvre, ſans arts, ſoumis à un deſpote qui voulant faire le commerce de ſes états, ne pouvoit que l’anéantir. Le peu d’ornemens & de marchandiſes de luxe qui ſe conſommoient à la cour & chez les grands étoient tirés du Japon. Les Siamois avoient un reſpect extrême pour les Japonois, un goût excluſif pour leurs ouvrages.

XIII. Avantages que les François pouvoient tirer de Siam. Fautes qui les en privèrent.

Il étoit difficile de faire changer cette opinion, & il le falloit cependant pour donner quelque débit aux productions de l’induſtrie Françoiſe. Si quelque choſe pouvoit amener le changement, c’étoit la religion chrétienne que les prêtres des miſſions étrangères avoient annoncée avec ſuccès : mais les jéſuites trop livrés à Phaulcon qui devenoit odieux, & abufant de leur faveur à la cour, ſe firent haïr, & cette haine retomba ſur leur religion. Des égliſes furent bâties avant qu’il y eût des Chrétiens. On fonda des maiſons religieuſes, & on révolta ainſi le peuple & les Talapoins. Ce ſont des moines ; les uns ſolitaires, les autres intriguans. Ils prêchent au peuple les dogmes & la morale de Sommona-