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fuyant dans les forets, où ils mènent une vie sauvage, cent fois préférable à celle des ſociétés corrompues par le despotisme. Cette défection est devenue si considérable, que, depuis le port de Mergui jusqu’à Juthia, capitale de l’empire, on marche huit jours entiers sans trouver la moindre population, dans des plaines immenses, bien arroſées, dont le sol est excellent, & où l’on découvre les traces d’une ancienne culture. Ce beau pays est abandonné aux tigres.

On y voyoit autrefois des hommes. Indépendamment des naturels du pays, il étoit couvert de colonies qu’y avoient successivement formées toutes les nations situées à l’Est de l’Asie. Cet empressement tiroit son origine du commerce immense qui s’y faisoit. Tous les historiens attestent qu’au commencement du seizième siècle, il arrivoit tous les ans un très-grand nombre de vaisseaux dans ses rades. La tyrannie qui commença peu de tems après, anéantit successivement les mines, les manufactures, l’agriculture. Avec elles diſparurent les négocians étrangers, les nationaux même. L’état tomba dans la confuſion & dans la langueur qui en est la suite. Les François, à