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chaîne de montagnes qui va ſe réunir aux rochers de la Tartarie, eſt d’une fertilité ſi prodigieuſe, qu’une grande partie des terres cultivées y rend deux cens pour un. Il y en a même, qui, ſans les travaux du laboureur, ſans le ſecours de la ſemence, prodiguent d’abondantes récoltes de riz. Moiſſonné comme il eſt venu, ſans ſoin & ſans attention, ce grain abandonné, pour ainſi dire, à la nature, tombe & meurt dans le champ où il eſt né, pour ſe reproduire dans les eaux du fleuve qui traverſe le royaume.

Peut-être n’y a-t-il point de contrée ſur la terre où les fruits ſoient en auſſi grande abondance, auſſi variés, auſſi ſains que dans cette terre délicieuſe. Elle en a qui lui ſont particuliers ; & ceux qui lui ſont communs avec d’autres climats, ont un parfum, une ſaveur qu’on ne leur trouve point ailleurs. La terre toujours chargée de ces tréſors ſans ceſſe renaiſſans, couvre encore ſous une légère ſuperficie des mines d’or, de cuivre, d’aiman, de fer, de plomb & de calin, cet étain ſi recherché dans toute l’Aſie.

Le deſpotiſme le plus affreux rend inutile tant d’avantages. Un prince corrompu par la