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Cette balance cependant ne pourroit jamais redevenir auſſi conſidérable qu’elle l’étoit, lorſqu’en 1668 les François s’établirent à Surate. Leur chef ſe nommoit Caron. C’étoit un négociant d’origine Françoiſe, qui avoit vieilli au ſervice de la compagnie de Hollande. Hamilton raconte que cet habile homme qui s’étoit rendu agréable à l’empereur du Japon, en avoit obtenu la permiſſion de bâtir dans l’iſle où étoit le comptoir qu’il dirigeoit, une maiſon pour le compte de ſes maîtres. Ce bâtiment devint un château, ſans aucune défiance des naturels du pays, qui n’entendent rien aux fortifications. Ils ſurprirent des canons qu’on envoyoit de Batavia, & inſtruiſirent la cour de ce qui ſe paſſoit. Caron reçut ordre d’aller à Jedo rendre compte de ſa conduite. Comme il ne put alléguer rien de raiſonnable pour ſa juſtification, il fut traité avec beaucoup de ſévérité & de mépris. On lui arracha poil à poil la barbe ; on lui mit un bonnet & un habit de fou ; on l’expoſa en cet état à la risée publique, & il fut chaſſé de l’empire. L’accueil qu’il reçut à Java acheva de le dégoûter des intérêts qu’il avoit embraſſés ; & un motif de vengeance l’at-