Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/343

Cette page n’a pas encore été corrigée

un ſeul cloître des célibataires des deux ſexes, & vous ne tarderez pas à voir naître la communauté des hommes & des femmes.

Il eſt vraiſemblable qu’au moyen de cette communauté d’hommes & de femmes, la jalouſie s’éteignit, & que les femmes virent ſans peine le nombre de leurs ſemblables ſe multiplier, & les hommes, le nombre des brames s’accroître. C’étoit moins une rivalité qu’une conquête nouvelle.

Il eſt vraiſemblable que pour pallier aux peuples le ſcandale d’une vie ſi licencieuſe, toutes ces femmes furent conſacrées au ſervice des autels. Il ne l’eſt pas moins que les peuples ſe prêtèrent d’autant plus volontiers à cette eſpèce de ſuperſtition, qu’elle renfermoit dans une ſeule enceinte les deſirs effrénés d’une troupe de moines, & mettoit ainſi leurs femmes & leurs filles à l’abri de la séduction.

Il eſt vraiſemblable qu’en attachant un caractère ſacré à ces eſpèces de courtiſanes, les parens virent ſans répugnance leurs plus belles filles, entraînées par cette vocation, quitter la maiſon paternelle, pour entrer dans ce ſéminaire, d’où les femmes ſurannées