Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/341

Cette page n’a pas encore été corrigée

des baſſins de marbre, des fontaines, dont la fraîcheur & le murmure invitoient à un doux ſommeil.

Une des pratiques les plus univerſelles, étoit de ſe baigner ; & après le bain, de ſe faire maſſer ou pétrir, ſi l’on peut s’exprimer ainſi. Cette opération donnoit du reſſort aux différentes parties du corps, & une circulation facile à ſes fluides. On ſe croyoit preſque un nouvel être, après l’avoir éprouvée. L’eſpèce d’harmonie qu’elle rétabliſſoit dans toute la machine, étoit une ſorte d’ivreſſe, ſource féconde des ſenſations les plus délicieuſes. Cet uſage étoit, dit-on, paſſé de la Chine aux Indes ; & quelques épigrammes de Martial, quelques déclamations de Senèque paroiſſent indiquer qu’il n’étoit pas inconnu aux Romains, dans le tems où ils raffinoient ſur tous les plaiſirs, comme les tyrans qui mirent aux fers ces maîtres du monde, raffinèrent dans la ſuite ſur tous les ſupplices.

IX. Portrait des Balliadères, plus voluptueuſes à Surate que dans le reste de l’Inde.

Surate offrait un autre plaiſir plus piquant peut-être. C’étoit celui que procuraient ſes danſeuſes ou Balliadères, nom que les Européens leur ont toujours donné d’après les Portugais.