Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/336

Cette page n’a pas encore été corrigée
322
Histoire philosophique

les empêchoit pas d’être ſenlibles au malheur de tous les hommes : ils les ſecouroient avec généroſité, & leur pitié s’étendoit juſqu’aux animaux. Une de leurs plus grandes paſſions étoit d’acheter des eſclaves, de leur donner une éducation ſoignée, & de les rendre enſuite à la liberté. Leur nombre, leur union & leurs richeſſes, les rendirent quelquefois ſuſpects au gouvernement : mais ces préjugés ne tinrent jamais long-tems contre la conduite paiſible & meſurée de ce bon peuple. On ne pouvoit le blâmer que d’une ſaleté dégoûtante, ſous les apparences d’une propreté recherchée, & de l’uſage trop fréquent d’une boiſſon enivrante, qui lui étoit particulière. Tels étoient les Parſis, à leur arrivée aux Indes. Tels ils ſe conſervèrent au milieu des révolutions qui bouleversèrent ſi ſouvent l’aſyle qu’ils avoient choiſi ; & tels ils font encore.

Combien les Mogols s’éloignoient de ces mœurs pures & auſtères ! Ces Mahométans ne ſe virent pas plutôt en poſſeſſion de Surate, qu’ils s’y embarquèrent en foule pour aller viſiter la Mecque. Beaucoup de ces pèlerins s’arrêtoient au port avant le voyage ; un plus