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tifiées, & de bons ports. Ces avantages aſſuroient leur commerce contre les naturels du pays & contre de nouveaux concurrens ; facilitoient leurs retours en Europe ; leur donnoient les moyens de ſe défaire utilement des marchandiſes qu’ils portoient en Aſie, & d’obtenir à un prix honnête celles qu’ils vouloient acheter. Les Anglois, au contraire, dépendans du caprice des ſaiſons & des peuples, ſans forces & ſans aſyle, ne tirant leurs fonds que de l’Angleterre même, ne pouvoient, ſelon les idées alors reçues, faire un commerce avantageux. Ils pensèrent qu’on acquéroit difficilement de grandes richeſſes ſans de grandes injuſtices ; & que pour ſurpaſſer, ou même balancer les nations qu’ils avoient cenſurées, il falloit imiter leur conduite. C’étoit une erreur qui les jetta dans de fauſſes routes. Avec des maximes plus ſaines, ils auroient ſenti que ſi la bonté, la douceur, la bienfaiſance, l’humanité ne conduiſent pas auſſi rapidement à la proſpérité que la violence : aſſiſe ſur ces reſpectables baſes, la puiſſance en eſt plus ſolide & plus durable. On n’obtient de la tyrannie qu’une autorité précaire,