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Histoire philosophique

ne redoutoient guère moins que lui l’activité & le courage.

Cette alliance déconcerta des hommes qui avoient compté n’avoir affaire qu’à des Indiens. Ils ne pouvoient ſe réſoudre à combattre des Européens qui paſſoient pour invincibles. Les naturels du pays, encore pleins de l’effroi que ces conquérans leur avoient cauſé, les peignoient aux ſoldats Mogols comme des hommes deſcendus du ciel ou ſortis des eaux, d’une eſpèce infiniment ſupérieure aux Aſiatiques en valeur, en génie & en connoiſſances. Déjà l’armée ſaiſie de frayeur, preſſoit ſes généraux de la ramener à Delhy, lorſqu’Akebar, convaincu qu’un prince qui entreprend une grande conquête, doit lui-même commander ſes troupes, vole à ſon camp. Il ne craint pas d’aſſurer ſes troupes qu’elles battront un peuple amolli par le luxe, les richeſſes, les délices, les chaleurs des Indes ; & que la gloire de purger l’Aſie de cette poignée de brigands leur eſt réſervée. L’armée raſſurée, applaudit à l’empereur & marche avec confiance. La bataille s’engage. Les Portugais mal ſecondés par leurs alliés, ſont enveloppés & taillés en pièces. Badur