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Histoire philosophique

eſt toujours agitée, où les ſables ſont mouvans par-tout.

Il n’en eſt pas ainſi à Tametave. La baie débarraſſée de cette incommode barre qui s’étend ſur toute la côte de l’Eſt de Madagaſcar, eſt très-ſpacieuſe. Le mouillage y eſt bon. Les vaiſſeaux y ſont à l’abri des plus fortes briſes. Le débarquement y eſt facile. Il ſuffiroit de faire creuſer l’eſpace d’une lieue & demie la grande rivière qui s’y jette, pour faire arriver les plus gros bâtimens à l’étang de Noffe-Bé, où la nature a formé un excellent port. Au milieu eſt une iſle, dont l’air eſt très-pur & dont la défenſe ſeroit aisée. Cette poſition a cela d’heureux, qu’avec quelques précautions on en pourroit fermer l’entrée aux eſcadres ennemies.

Tels étoient les avantages que la compagnie de France pouvoit retirer de Madagaſcar. La conduite de ſes agens ruina malheureuſement ces brillantes eſpérances. Ils détournèrent ſans pudeur une partie des fonds dont ils avoient l’adminiſtration ; ils conſumèrent en dépenſes folles ou inutiles des ſommes plus conſidérables ; ils ſe rendirent également odieux, & aux Européens dont ils