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entière à un but également utile aux deux nations.

La légiſlation qu’il convenoit de donner à ces peuples devoit être aſſortie à leurs mœurs, à leur caractère, à leur climat. Elle devoit s’éloigner en tout de celle de l’Europe, corrompue & compliquée par la barbarie des coutumes féodales. Quelque ſimple qu’elle fût, les points divers n’en pouvoient être proposés que ſucceſſivement, & à meſure que l’eſprit de la nation ſe ſeroit éclairé, qu’il ſe ſeroit étendu. Peut-être même n’auroit-il pas fallu ſonger à y amener les hommes dont l’âge auroit fortifié les habitudes ; peut-être auroit-il fallu s’attacher uniquement aux jeunes gens qui, formés par nos inſtitutions, ſeroient devenus, avec le tems, des miſſionnaires politiques qui auraient multiplié les prosélytes du gouvernement.

Le mariage des filles Madecaſſes avec les colons François, auroit encore plus avancé le grand ſyſtême de la civiliſation. Ce lien, ſi cher & ſi ſenſible, auroit éteint ces diſtinctions odieuſes qui nourriſſent des haines éternelles & qui séparent à jamais des peuples, habitant la même région, vivant ſous les mêmes loix.