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Histoire philosophique

pour l’Arabie & pour le continent de l’Afrique. En y attirant quelques Indiens & quelques Chinois, on y auroit naturalisé tous les arts, toutes les cultures de l’Aſie. Il étoit facile d’y conſtruire des navires, parce que les matériaux s’y trouvoient de bonne qualité & en abondance ; de les armer même, parce que les hommes s’y montroient propres à la navigation. Toutes ces innovations auroient eu une ſolidité que les conquêtes des Européens n’auront pas aux Indes, où les naturels du pays ne prendront jamais nos loix, nos mœurs, notre culte, ni par conséquent cette diſpoſition favorable qui attache les peuples à une domination nouvelle.

Une ſi heureuſe révolution ne devoit pas être l’ouvrage de la violence. Un peuple brute, nombreux & brave n’auroit pas preſenté les mains aux fers dont une poignée de féroces étrangers auroient voulu le charger. C’étoit par la voie douce de la perſuaſion ; c’étoit par l’appât ſi séduiſant du bonheur ; c’étoit par l’attrait d’une vie tranquille ; c’étoit par les avantages de notre police, par les jouiſſances de notre induſtrie, par la ſupériorité de notre génie, qu’il falloit amener l’iſle