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Histoire philosophique

qu’ils auront ceſſé d’exiſter. Le reſpect pour les ancêtres eſt pouſſé très-loin dans ces régions ſauvages. Il eſt ordinaire d’y voir des hommes de tous les âges aller pleurer ſur le tombeau de leurs pères, & leur demander des conſeils dans les actions les plus intéreſſantes de la vie.

Ces Inſulaires robuſtes & aſſez bien faits n’ont pas la même indifférence pour le préſent que pour l’avenir. Comme ils ne ſont jamais gênés dans leurs goûts par le frein de la morale ou de la religion, ni par cette police éclairée qui arrête les penchans de l’homme pour établir l’ordre de la ſociété, ils ſont tout entiers à leurs paſſions. Ils aiment, avec tranſport, les fêtes, le chant, la danſe, les liqueurs fortes, & ſur-tout les femmes. Tous les inſtans d’une vie oiſive, ſédentaire & abondante s’écoulent dans les plaiſirs des ſens, refuſés par la nature aux ſauvages du Nord qui épuiſent leurs facultés phyſiques dans la recherche des alimens néceſſaires à leur miſérable & précaire exiſtence. Outre la compagne qu’ils épouſent en cérémonie, les Madecaſſes prennent autant de concubines qu’ils peuvent en avoir. Le divorce eſt com-