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vières qui, cherchant à ſe dégorger dans l’Océan, trouvent leur embouchure fermée par des ſables que le mouvement de la mer y a pouſſés durant la ſaiſon ſèche : c’eſt-à-dire, lorſque les eaux n’avoient pas aſſez de volume & de viteſſe pour ſe faire jour. Arrêtées par cette barrière, elles refluent dans la plaine, y ſont quelque tems ſtagnantes, & rempliſſent l’horiſon d’exhalaiſons meurtrières, juſqu’à ce que ſurmontant l’obſtacle qui les retenoit, elles ſe ménagent enfin une iſſue. Ce ſyſtême paroîtra d’une vérité ſenſible, ſi l’on fait attention que les côtes ne ſont mal ſaines que dans la mouſſon pluvieuſe ; que la colonne d’air corrompu ne s’étend jamais bien loin ; que le ciel eſt toujours pur dans l’intérieur des terres ; & que le rivage eſt conſtamment ſalubre dans tous les lieux où, par des circonſtances locales, le cours des rivières eſt libre ſans interruption.

Par quelque vent que le navigateur arrive à Madagaſcar, il n’aperçoit qu’un ſable aride. Cette ſtérilité finit à une ou deux lieues. Dans le reſte de l’iſle, la nature, toujours en végétation, produit ſeule dans les forêts ou ſur les terres découvertes le coton, l’indigo, le