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priété ne fut vendue que vingt-mille francs ; & c’étoit tout ce qu’elle pouvoit valoir.

III. On établit en France une compagnie pour les Indes. Encouragemens accordés à cette ſociété.

Enfin, Colbert entreprit, en 1664, de donner le commerce des Indes à la France. Cette liaiſon avec l’Aſie préſentoit de grands inconvéniens. Elle ne pouvoit guère procurer que des objets de luxe ; elle retardoit le progrès des arts qu’on travailloit à établir ſi heureuſement ; elle ne procuroit que peu de débouchés aux denrées, aux manufactures nationales ; elle devoit occaſionner une grande exportation de métaux. Des conſidérations de cette importance étoient bien propres à faire balancer un adminiſtrateur dont les travaux n’avoient pour but que d’étendre l’induſtrie, que de multiplier les richeſſes du royaume. Mais à l’exemple des autres peuples de l’Europe, les François montroient un goût décidé pour les ſuperfluités de l’Orient. On penſa qu’il ſeroit plus utile, plus honorable même de les aller chercher, à travers un océan immenſe, que de les recevoir de ſes rivaux, peut-être de ſes ennemis.

La manière de fournir cette carrière étoit toute tracée. Il étoit alors ſi généralement reçu qu’un privilège excluſif pouvoit ſeul