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toute entière à la nation, qui a mis en moi ſa confiance. Mon bonheur eſt de voir que l’état a proſpéré juſqu’ici par mon gouvernement, & que j’ai pour ſujets des hommes dignes que je renonçaſſe, pour eux, au trône & à la vie. Ne m’imputez pas les fauſſes meſures où l’on peut m’engager, ni les irrégularités qui peuvent ſe commettre ſous mon nom. Vous ſavez que les miniſtres des princes ſont trop ſouvent conduits par des intérêts particuliers ; que la vérité parvient rarement aux rois, & qu’obligés, dans la foule des affaires qui les accablent, de s’arrêter ſur les plus importantes, ils ne ſauroient tout voir par eux-mêmes ».

D’après ce ſage diſcours, on ſeroit tenté de croire qu’un deſpote juſte, ferme, éclairé, ſeroit le meilleur des ſouverains : mais on ne penſe pas que ſous ſon règne, s’il duroit, les peuples s’aſſoupiroient ſur des droits dont ils n’auroient aucune occaſion de ſe prévaloir, & que rien ne leur ſeroit plus funeſte, que ce ſommeil ſous un règne ſemblable au premier, ſi ce n’eſt ſa continuité ſous un troiſième. Les nations font quelquefois des tentatives