Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/296

Cette page n’a pas encore été corrigée
282
Histoire philosophique

France d’épiceries, de parfums, de ſoieries, de toutes les riches étoffes de l’Orient. Les arts n’étoient pas aſſez avancés dans le royaume, pour donner leurs ouvrages en échange ; & les produits de l’agriculture ne ſuffiſoient pas pour payer tant d’objets de luxe. Une conſommation ſi chère n’auroit pu ſe ſoutenir qu’avec des métaux ; & la nation, quoiqu’une des moins pauvres de l’Europe, en avoit fort peu, ſur-tout depuis les croiſades.

Philippe-le-Bel démêla ces vérités. Il réuſſit à donner aux travaux champêtres aſſez d’accroiſſement, pour payer les importations étrangères, en même tems qu’il en diminuoit la quantité, par l’établiſſement de nouvelles manufactures, & par le degré de perfection où il éleva les anciennes. Sous ce règne, le miniſtère entreprit pour la première fois de guider la main de l’artiſte, de diriger ſes ouvrages. La largeur, la qualité, l’apprêt des draps furent fixés. On défendit la ſortie des laines que les nations voiſines venoient acheter pour les mettre en œuvre. C’étoit ce que dans ces ſiècles d’ignorance on pouvoit faire de moins déraiſonnable.