Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/291

Cette page n’a pas encore été corrigée

tième ſiècle. Auſſi-tôt on vit accourir aux foires nouvellement établies, les Saxons avec l’étain & le plomb de l’Angleterre ; les Juifs, avec des bijoux & des vaſes d’argent ou d’or ; les Eſclavons, avec tous les métaux du Nord ; les Lombards, les Provençaux, les Eſpagnols, avec les marchandiſes de leur pays, & celles qui leur arrivoient d’Afrique, d’Égypte & de Syrie ; les négocians de toutes les provinces du royaume, avec ce que pouvoit fournir leur ſol & leur induſtrie. Malheureuſement cette proſpérité fut courte. Elle diſparut ſous les rois fainéans, pour renaître ſous Charlemagne.

Ce prince, que l’hiſtoire pourroit placer ſans flatterie à côté des plus grands hommes, s’il n’eut pas été quelquefois un vainqueur ſanguinaire & un tyran persécuteur, parut ſuivre les traces de ces premiers Romains, que les travaux champêtres délaſſoient des fatigues de la guerre. Il s’occupa du ſoin de ſes vaſtes domaines, avec une ſuite & une intelligence qu’on attendroit à peine du particulier le plus appliqué. Tous les grands de l’état ſe livrèrent, à ſon exemple, à l’agriculture, & aux arts qui la précèdent ou qui