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Histoire philosophique

Monaſtères ne pensèrent point à une des conséquences aſſez ſimples de l’auſtérité qu’ils impoſoient aux moines : je veux dire à un accroiſſement de richeſſe, dont il eſt impoſſible de fixer la limite, du moment où le revenu excède la dépenſe d’une année commune. Cette dépenſe reſtant toujours la même, & ne ſubiſſant de variation que celle des circonſtances qui font hauſſer ou baiſſer le prix des denrées, ce ſurplus du revenu s’entaſſant continuellement, quelque foible qu’on le ſuppoſe, doit, à la longue, former une grande maſſe. Les loix prohibitives, publiées contre les gens de main-morte, peuvent donc ralentir, mais ne peuvent jamais arrêter les progrès de l’opulence monaſtique. Il n’en eſt pas ainſi des familles des citoyens, qui ne ſont aſſujettis à aucune règle. Un fils diſſipateur ſuccède à un père avare. Les dépenſes ne ſont jamais les mêmes. Ou la fortune s’éboule, ou elle ſe refait. Ceux qui dictèrent les conſtitutions religieuſes, ne ſe proposèrent que de faire des ſaints ; & ils tendirent, & plus directement & plus sûrement à faire des riches.

Dagobert réveilla un peu les eſprits au ſep-