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duits au marché, n’étoit pas ſuffiſant pour payer les frais préliminaires à la vente. Un découragement univerſel devenoit la ſuite néceſſaire de pareils déſordres.

Bientôt il n’y eut plus d’induſtrie, de manufactures que dans le cloître. Les moines n’étoient pas alors des hommes corrompus par l’oiſiveté, par l’intrigue & par la débauche. Des ſoins utiles rempliſſoient tous les inſtans d’une vie édifiante & retirée. Les plus humbles, les plus robuſtes d’entre eux, partageoient avec leurs ſerfs les travaux de l’agriculture. Ceux à qui la nature avoit donné ou moins de force, ou plus d’intelligence, recueilloient dans des ateliers les arts fugitifs & abandonnés. Les uns & les autres ſervoient, dans le ſilence & la retraite, une patrie, dont leurs ſucceſſeurs n’ont jamais ceſſé de dévorer la ſubſtance, & de troubler la tranquillité.

Quand ces ſolitaires n’auroient employé aucune des voies iniques qui les ont conduits au degré d’opulence que nous leur voyons & qui nous indigne, il falloit qu’ils y arrivâſſent avec le tems. C’étoit une des ſuites néceſſaires de leur régime. Les fondateurs des