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en prorogeant votre ocroi, s’avouera coupable des crimes que vous avez commis, & complice de ceux que vous commettriez encore ».

Non, non ; il faut que, tôt ou tard, la juſtice ſoit faite. S’il en arrivoit autrement, je m’adreſſerois à la populace. Je lui dirois : Peuples, dont les rugiſſemens ont fait trembler tant de fois vos maîtres, qu’attendez-vous ? pour quel moment réſervez-vous vos flambeaux & les pierres qui pavent vos rues ? Arrachez-les… Mais les citoyens honnêtes, s’il en reſte quelques-uns, s’élèveront enfin. On verra que l’eſprit du monopole eſt petit & cruel. On verra qu’il eſt inſenſible au bien public. On verra qu’il n’eſt contenu, ni par le blâme préſent, ni par le blâme à venir. On verra qu’il n’aperçoit rien au-delà du moment. On verra que dans ſon délire il a prononcé cet arrêt, & qu’il l’a prononcé dans tous les tems & chez toutes les nations.

« Périſſe mon pays, périſſe la contrée où je commande. Périſſe le citoyen & l’étranger. Périſſe mon aſſocié, pourvu que je m’enrichiſſe de ſa dépouille. Tous les