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vriers. Ils étoient preſque toujours inſultés & opprimés par les artiſans Anglois, jaloux : ſans émulation. On ſe plaignoit que tous les acheteurs alloient à eux, & qu’ils faiſoient hauſſer le prix du grain. Le gouvernement adopta ces préjugés populaires, & il défendit à tous les étrangers d’occuper plus de deux hommes dans leurs atteliers. Les marchands ne furent pas mieux traités que les ouvriers ; & ceux même qui s’étoient fait naturaliſer, ſe virent obligés de payer les mêmes droits que les marchands forains. L’ignorance étoit ſi générale, qu’on abandonnoit la culture des meilleures terres pour les mettre en pâturages, dans le même tems où les loix bornoient à deux mille le nombre des moutons dont un troupeau pourroit être composé. Toutes les liaiſons d’affaires étoient concentrées dans les Pays-Bas. Les habitans de ces provinces achetoient les marchandiſes Angloiſes, & les faiſoient circuler dans les différentes parties de l’Europe. Il eſt vraiſemblable que la nation n’auroit pris de longtems un grand eſſor, ſans le bonheur des circonſtances.

Les cruautés du duc d’Albe firent paſſer en