Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/254

Cette page n’a pas encore été corrigée
240
Histoire philosophique

dans ces contrées. Mais voyons de quelle manière ſe fit cet échange ſi néceſſaire.

On avoit frappé en roupies d’or environ quinze millions, valeur nominale : mais qui ne repréſentoient effectivement que neuf millions ; parce qu’on y avoit mêlé quatre dixièmes d’alliage, & même quelque choſe de plus. Il fut enjoint à tous ceux qui ſe trouveroient avoir de ces roupies d’or, de faux-aloi, de les rapporter au tréſor de Calcutta, où on les rembourſeroit en roupies d’argent. Mais au lieu de dix roupies & demie d’argent que chaque roupie d’or devoit valoir, ſuivant ſa dénomination, on n’en donna que ſix ; de manière que l’alliage fut définitivement en pure perte pour le propriétaire.

Une oppreſſion ſi générale devoit néceſſairement être accompagnée de violence : auſſi fallut-il recourir ſouvent à la force des armes, pour faire exécuter les ordres du conſeil de Calcutta. On ne ſe borna pas à en faire uſage contre les Indiens. Le tumulte & l’appareil de la guerre ſe renouvelèrent de toutes parts, dans le ſein même de la paix. Les Européens furent auſſi exposés à des actes d’hoſtilité, & particulièrement les François,