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vailler pour les autres nations, juſqu’à ce que les ordres de la compagnie Angloiſe fuſſent exécutés. Ainſi, ces ouvriers n’ayant plus la liberté de choiſir entre pluſieurs acheteurs, ont été forcés de livrer le fruit de leur travail, pour le prix qu’on a bien voulu leur en donner.

Et dans quelle monnoie encore les a-t-on payés ? C’eſt ici que la raiſon ſe confond, & qu’on cherche en vain des excuſes ou des prétextes. Les Anglois, vainqueurs du Bengale, poſſeſſeurs des tréſors immenſes que la fécondité du ſol & l’induſtrie des habitans y avoient raſſemblés, osèrent ſe permettre d’altérer le titre des eſpèces. Ils donnèrent l’exemple de cette lâcheté, inconnue aux deſpotes de l’Aſie ; & c’eſt par cet acte déſhonorant, qu’ils annoncèrent leur ſouveraineté aux peuples. Il eſt vrai qu’une opération ſi contraire à la foi du commerce & à la foi publique, ne put ſe ſoutenir long-tems. La compagnie elle-même en reſſentit les pernicieux effets ; & il fut réſolu de retirer toutes les eſpèces fauſſes pour y ſubſtituer une monnoie parfaitement ſemblable à celle qui avoit eu toujours cours